22 juin 2009

La licence globale pour la musique, c'est moins d'un euro et demi par mois et par abonnement, en comptant large

Le calcul est simple : prenons le chiffre d'affaire de l'industrie musicale. Prenons-le, pour éviter la polémique, à son apogée : il y a quelques années, à son plus haut, l'industrie musicale pesait ainsi 1,5 milliards d'euros. (Depuis, si le chiffre d'affaire a effectivement baissé, les bénéfices ont augmenté : c'est la magie de la disparition des supports physiques… mais ne chipotons pas et prenons donc le chiffre maximum.)

Sur ces 1,5 milliards, les artistes n'en touchent généralement même pas un dixième. En effet, sur les morceaux vendus en ligne, on parle de 3% en moyenne, 6% après redistribution de la SACEM. Mettons donc 10%. Sur les CDs, même si plus personne n'en achète, les artistes chanceux touchent environ 20%. Soyons fous, supposons que les artistes pèsent 20% d'un milliard et demi d'euros par an. (En pratique, les majors possèdent beaucoup de droits sur les morceaux, donc grignotent une part importante de cette part, mais passons.) Le reste des 80% revient à la TVA, aux distributeurs (magasins physiques ou maintenant en ligne), et aux maisons de disques pour éditer et transporter les supports physiques (les CDs) et d'autres tâches comme faire de la publicité aux artistes (même si de plus en plus elles se contentent de signer pour un artiste qui fait le buzz sur le net). Des rôles qui dans le cadre d'une licence globale deviennent inutiles et n'ont donc pas à être compensés.

Pour payer nos artistes, on doit donc générer avec notre licence globale, dans les prévisions les plus larges, 300 millions d'euros par an (20% d'un milliard et demi). Soit 25 millions d'euros par mois. Enorme ? Et si je vous rappelle qu'il y a de l'ordre de vingt millions d'abonnements à Internet en France (environ 17 si je ne me trompe pas) ? En réalité, une taxe d'un euro et demi par mois et par abonnement paierait donc nos artistes du monde de la musique. En comptant, à chaque fois, le plus large possible (on doit plutôt être de l'ordre d'un euro par mois).

CQFD.

20 juin 2009

Le faux parti pirate français

Il y a quelques années s'est créé en Suède le Parti Pirate, qui avait pour buts de protéger les libertés individuelles, de réformer le droit d'auteur pour permettre notamment le libre échange d'œuvres à but non commercial, ou encore de réformer en profondeur le système des brevets, notamment en interdisant les brevets sur le vivant ou les logiciels.

Aujourd'hui, comme vous le savez peut-être, ce parti est le troisième plus important du pays, le premier chez les moins de 35 ans. Aux élections européennes, il a remporté un siège, et devrait en obtenir un second si le traité de Lisbonne entre en application et que le nombre de députés suédois passe à vingt. C'est une réussite extraordinaire pour un parti qui a à peine trois ans et dont personne ne parlait à la télé avant ce résultat extraordinaire. Mme Michu a été toute étonnée de découvrir que ce parti de pirates ridicule avait trouvé des voix, mais les internautes savent pourquoi ils ont voté "pirate". Parce que leur gouvernement écoute trop les lobbys.

Ce succès a déclenché une certaine fébrilité chez beaucoup d'internautes français. Avec les lois catastrophiques pour les libertés fondamentales ou les droits des citoyens que le gouvernement mené par Sarkozy essaie de nous imposer, ça marcherait probablement pas mal chez nous aussi…

De plus en plus de monde s'intéresse donc à une association fondée il y a quelques temps, le Parti Pirate, qui est en train de se lancer (en fait divisé en deux structures, la seconde étant le Parti Pirate canal historique). Apparemment les auteurs sont entrés en contact avec les autres structures européennes et ont prévu d'envoyer par exemple des représentants en Allemagne. Ils rédigent en ce moment un manifeste et sont en train de définir tous les détails pour un vrai lancement et ouvrir des inscriptions dans les règles.

Seulement voilà, il y a un type très égocentrique qui s'est dit qu'il allait lancer son propre parti pirate. Il l'a appelé le Parti Pirate Français, a créé une association (c'est pas très difficile) et a créé un groupe Facebook et un blog sur… unblog.fr justement. (Je refuse de mettre un lien vers cette chose, ça risquerait de le faire monter dans les résultats des recherches sur les moteurs de recherche…) Il a ensuite contacté toute la blogosphère en prétendant vouloir réunir les différentes initiatives

Dit comme ça, pourquoi pas… Sauf qu'il n'a pas pris la peine de contacter le groupe qui existait déjà. Ni même pris la peine de réagir à leurs tentatives à eux de prendre contact avec lui. Plusieurs se sont fait avoir et ont accepté un entretien avec lui en croyant à ce qu'il racontait, comme la Quadrature du Net, Le Post qui a carrément fait un article sur lui, ou encore Tristan Nitot (de Mozilla) qui l'a aussi mis en lien sur son blog…

Mais rapidement tout le monde va se rendre compte que ces beaux discours au pluriel et ces "nous" partout cachent un individu arriviste à l'égo sur-dimensionné, qui passe son temps à prétendre vouloir fédérer tout le monde et ne pas vouloir prendre la direction du mouvement, alors que c'est tout l'inverse. (De toute façon ça parait tout de suite étrange qu'il passe son temps à répéter cela…)

Ce type que j'ai vraiment envie d'insulter s'appelle Rémy Cérésiani, et il n'en est pas à son premier coup du genre. En fouinant un peu autour de soi on découvre que ce jeune étudiant de Sciences Po (20 ans) s'est depuis longtemps illustré par son égo démesuré et sa volonté de s'imposer comme le seul à vouloir fédérer un mouvement : à l'époque, c'était le socialisme à Sciences Po… C'est par exemple dans un journal de gauche (qui ne partage pas vraiment sa vision égocentrique) que vous pouvez lire un passage très savoureux (très exactement le numéro 11 d'InVodkaVeritas, page 14 à 15, rubrique "Chronique de l'ambition ordinaire") qui vous apprend qu'il avait déjà à l'époque la même manière de procéder…

Bref, Rémy Cérésiani a flairé le filon. Alors il a sauté dessus, au mépris de tout ce que ça pourrait coûter au véritable Parti Pirate et aux citoyens français désireux de voir émerger un vrai parti, et pas le jouet d'un guignol assoiffé de pouvoir.

10 juin 2009

HADOPI censurée par le Conseil Constitutionnel

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Bon, il reste pas mal de déchets dans la loi qui sont passés, notamment le spyware labellisé par le gouvernement, mais c'est quand même un sérieux coup dans l'aile pour cette loi stupide et inutile…