Les 3 règles pour se bourrer la gueule...

Lors d'une soirée bien arrosée, à la fin d'une année d'étude qui n'a pas vraiment mérité de l'être, un délire lié à la forte consommation de boisson m'a poussé à essayer d'expliquer à un camarade probablement plus sobre les grandes règles de la cuite réussie... Donc comment bien se bourrer la gueule quoi. Si cela peut paraître barbare et horrifier le néophyte, il me semble utile pour les plus jeunes qui découvriraient l'alcool.

La première règle est: Il ne faut pas se bourrer la gueule avec des gens qu'on ne connaît pas bien. Il arrive en effet que la consommation excessive d'alcool entraîne un comportement inhabituel dont l'usager pourrait avoir un peu honte le lendemain, se caractérisant par des propos grossiers, des gestes maladroitement brutaux, ou encore l'exposition volontaire de parties de l'anatomie généralement réservées au miroir de sa sale de bain... La présence de gens inconnus est alors encore plus gênante que celle de ses bons potes (qui en général se marrent bien le lendemain...) Il est à noter que les gens considérés comme intéressants (futur(e) petit(e) ami(e) éventuel(le), famille d'un(e) futur(e) petit(e) ami(e) éventuel(le), ou encore ami(e)s d'un(e) futur(e) petit(e) ami(e) éventuel(le) par exemple) sont à considérer comme des gens qu'on ne connaît pas bien dans ce cas. Les gens qu'on connaît bien amateurs de vidéos sur téléphone portable sont également à éviter...

Ensuite, la seconde règle est: Lorsque l'on se bourre la gueule, il faut être prêt à accepter des idées qui ne sont pas les siennes. Souvent, on constate que les gens bourrés sont pris d'idées bizarres. Outre les "Mais nan allez on reste, y a trop d'ambiance!" qui raisonnent parfois dans certains bars de nuit, les "Si on allait à la plage là!" ou encore "Mais si tu vas voir je te fais rentrer dans cette boîte, je suis peut-être bourré mais j'vais leur faire croire que je suis un VIP tu vas voir ça va pas traîner!" En général, le hasard faisant bien les choses, un ami un peu plus sobre sera providentiellement là pour vous ramener dans le droit chemin, avec des "Sois pas cons ils ont arrêté la musique depuis un quart d'heure et ça ferme là." et autres "Ta gueule, monte dans la voiture et on rentre dormir." Il faut alors concéder au type sobre que bien qu'il soit pas drôle, coincé et relou, il a plus de chances d'avoir raison que vous.

La troisième règle, fondamentale, est: Lorsque vous vous bourrez la gueule, assurez-vous qu'il y a quelqu'un de sobre pour vous ramener. Il est important de s'assurer qu'une personne sobre vous surveille vaguement, surtout si vous êtes une jeune fille pudique dont l'alcool réveille la tendance nymphomane, ou encore un mec normal qu'une bonne cuite rend sérieuseument myope. Cela évite de se réveiller aux côtés d'un(e) inconnu(e), sous un pont, ou encore dans un lieu complètement inconnu qu'on prenait pour un passage du "chemin du retour". Le meilleur choix pour ce quelqu'un de sobre est généralement un mec, grand, qui n'aime pas boire et qui a le permis et une voiture. Sinon il faut bien respecter la seconde règle ou que ce quelqu'un ait suffisament d'autorité sur vous pour vous ramener de force si vous ne respectez pas les deux premières règles (et surtout la seconde).

Après avoir énoncé les trois règles, j'étais assis sur les épaules de deux camarades, devant le regard fasciné de mes interlocuteurs (du moins est-ce ainsi que mes yeux avinés l'interpétèrent) quand je devins livide et demandai qu'on me pose par terre. A partir de là je n'ai que quelques souvenirs confus, mais cela marque pour moi la seule fois où j'ai un témoignage du passage entre "être joyeux" (et capable d'énoncer des règles loufoques mais basées sur un raisonnement à peu près valide) au stade d'"être bourré" et de ne se souvenir que de flashs dans la soirée. J'essaierai un jour de trouver les prochaines règles, mais en attendant, voici les trois premières...